André Faubert, après son passage chez Leung Kok Yuen et Wuhuiping, non seulement fera une intelligente synthèse opérationnelle de tout ce qu’il avait engrangé, mais décidera de former concrètement des praticiens non médecins, et pas seulement de diffuser quelques conférences pour des praticiens prêts à tout mélanger.
J’ai fait partie de la première fournée et je lui dois d’avoir eu le bagage nécessaire pour m’installer. Sous une apparence moqueuse cachant en réalité une grande sensibilité, André Faubert était un être généreux. Je puis en témoigner.
Il se voulait taoïste, détaché et provocateur. Il savait régler ses comptes avec l’arme des mots, de la précision et de la logique.
Il était profondément guénonnien. Pour lui l’erreur c’était le syncrétisme, le mélange des genres. Avec lui on ne mélangeait pas l’acupuncture avec une autre méthode thérapeutique, sinon disait-il, on ne sait pas ce qui a marché. Sa rigueur était telle qu’en plaisantant, certains d’entre nous le comparaient à un pasteur de western : la bible dans la main droite pour bénir à l’aiguille et donner la bonne parole acupuncturale, le flingue dans la main gauche pour éliminer les apostats qui veulent tout mélanger …
Comme nous n’étions pas médecins, il nous dit en fin de cours en rigolant : « allez, piquez, et ne vous faîtes pas piquer ! »
Sans Faubert, je n’aurais jamais été un véritable praticien !