Le désir est-il source de désynchronisation, de souffrance, de maladie, ou au contraire de créativité et de plaisir ? Est-il un moteur nécessaire à l’impulsion de vie?

S’il est évident que le désir s’enflamme avec l’imagination, Paul Claudel quant à lui soutenait que « même l’intelligence ne fonctionne pleinement que sous l’impulsion du désir ». Je ne voudrais pas paraître pédant, mais comprendre l’origine d’un mot permet de mieux saisir ce qu’il recouvre ainsi que son importance descriptive des comportements.

Je vous invite donc à une ballade culturelle.

Le mot désir vient du verbe français désirer, lequel vient lui même du latin « desiderare ».qui signifie aussi « regretter la perte, l’absence de », ce qui montre au moins un aspect de frustration. « Desiderare » provient lui-même de « sidus, sireris » qui signifie étoile, constellation. Dans cette famille de mots, on trouve aussi le mot considérer, opération mentale inconsciente qui détermine nos points de vue, et qui est à la source de nos opinions, de nos jugements et de nos actions. Nos considérations viennent de notre formatage éducatif de la toute première enfance. Pour reprendre une image informatique, elles sont comme les données fondamentales de notre disque dur.

Des termes d’astronomie comme sidéral est de la même famille. L’influence supposée des astres sur la destinée est à l’origine des mots sidérer, sidération ou sidérant. Il y a donc derrière les racines du mot désir, une considération de quelque chose à laquelle on n’échappe pas. Et c’est sans doute pour cela que le désir est donné comme une fatalité source de frustration.

En fait, le désir est comme une ombre. Vouloir assouvir tout son désir est aussi impossible que de vouloir de saisir de son ombre. Vouloir fuir son désir est aussi fou que de s’imaginer distancer son ombre après avoir couru loin et très vite. C’est pourquoi tous les principes moraux qui proposent d’ignorer, de rejeter ou de fuir le désir, sont voués à l’échec et à la frustration. Quant à se vautrer dans la satisfaction du désir, ce n’est pas plus efficace, puisque c’est comme vouloir épuiser un puits sans fond, ce qui en fin de compte corrompt le plaisir attendu et fini par rendre malheureux.

Alors que faire ?

Puisque le désir fait partie intégrante de notre fonctionnement, qu’il peut devenir autant moteur que destructeur, vivons donc en paix avec, et agissons comme la photographe ou le cinéaste jouant sur l’ombre et la lumière, A l’instar du Christ qui affirmait qu’il faut rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu, je dirai qu’il faut accorder au désir ce qui est nécessaire et à la spiritualité ce que notre être réclame.

La tradition ne dit-elle pas : un yin un yang, c’est le tao !?
Daniel LAURENT